L’anti-épileptique Dépakine à l’origine d’au moins 450 malformations à la naissance
La prise de l’anti-épiléptique valproate (Dépakine et ses dérivés) par des femmes enceintes a entraîné au moins 450 malformations congénitales à la naissance, selon une estimation publiée, mardi 23 février, par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).
En extrapolant des données obtenues dans la région Rhône-Alpes à la France entière, « ce sont entre 425 et 450 cas de naissances d’enfants vivants ou mort-nés exposés in utero au valproate entre 2006 et 2014 qui sont porteurs de malformations congénitales », indique l’IGAS dans son rapport, commandé par le ministère de la santé pour faire le point sur la prescription de l’anti-épileptique, commercialisé depuis 1967.
ayl_template_beacon_uida002d426a544fa8b89afd70f1b2e8e4e
Dans son rapport, l’IGAS précise également que les prescriptions de valproate chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont baissé de 25 % entre 2006 et 2014, leur nombre étant passé de 125 000 en 2006 à 93 000 en 2014, dont 56 000 traitées pour des troubles bipolaires. Il faudra toutefois attendre le mois de mai pour avoir une « mesure plus précise de l’impact des prescriptions de valproate sur la descendance des femmes exposées », précise l’IGAS.
Multiplication des mises en garde
Au cours des derniers mois, les autorités de santé ont multiplié les mises en garde sur ce médicament responsable chez le fœtus de malformations et de troubles tels que l’autisme.
La Haute Autorité de santé (HAS) de rappeler dans « une fiche mémo » les risques et les alternatives à ce médicament commercialisé en France depuis 1967 par Sanofi, puis sous forme générique par d’autres laboratoires.
L’acide valproïque ou valproate, vendu sous les noms Dépakine, Micropakine, Dépakote, Dépamide et génériques, ne doit « pas être prescrit chez les filles, adolescentes, femmes en âge de procréer et femmes enceintes, sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives médicamenteuses existantes », écrit-elle.
Epilepsie et troubles bipolaires
Ce médicament est toujours en vente car il a démontré son efficacité dans le traitement de l’épilepsie et des troubles bipolaires, et il est même jugé incontournable dans certains cas.
L’Agence de sécurité du médicament (ANSM) rappelait les règles de prescription plus strictes auxquelles est désormais soumis ce médicament présentant un « risque élevé » – environ 10 % en moyenne – de malformations (cardiaques, becs de lièvre, etc.) du nourrisson ainsi qu’un « risque plus élevé » d’autisme et des retards psychomoteurs (jusqu’à 30 à 40 % des cas). Ce dernier risque n’est connu que depuis les années 2000 alors que celui de malformations congénitales a commencé à être identifié dès les années 1980.
Fin septembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les conditions d’autorisation et de commercialisation des anti-épileptiques Dépakine.